Le rythme, les voyelles, les consonnes

Le rythme, les voyelles, les consonnes

La prononciation de l'anglais a une réputation de difficulté. En fait, les problèmes qu'elle pose aux apprenants francophones peuvent être résolus facilement si l'on repère les quelques points essentiels sur lesquels elle diffère de la prononciation du français. Deux domaines sont concernés : le rythme et le système des sons (voyelles et consonnes).

Pour l'apprentissage de l'anglais, le plus important de ces deux domaines est le rythme - contrairement à ce que l’on pourrait penser. L’acquisition du système des sons (ou phonèmes, pour employer un terme technique) n’est certes pas secondaire, mais, lorsqu’elle s’appuie sur une perception correcte du rythme, cette acquisition se trouve considérablement facilitée ; et inversement, il ne sert à rien d'apprendre des phonèmes corrects sur un rythme faux : ce dernier rendrait généralement le message incompréhensible, et de toute façon il aurait pour effet de déformer rapidement les phonèmes.

1 - Rythme et accentuation

Le rythme de la phrase parlée anglaise diffère fondamentalement de celui de la phrase parlée française. Le français a tendance à donner le même poids à toutes les syllabes (il a un rythme syllabique), tandis que l’anglais donne un poids particulier à certaines syllabes (il a un rythme accentuel), et marque de façon très nette la différence entre les syllabes accentuées et les syllabes non accentuées – ce qui, dans la langue parlée, donne à la phrase anglaise un caractère rythmé que n’a pas la phrase française.

Ce caractère rythmé de l’anglais parlé n’est pas sans rapport avec le fait que le rock et les musiques dites populaires soient nés et se soient développés dans des pays anglophones. Quant à la différence entre le rythme du français parlé et celui de l’anglais parlé, elle apparaît de façon particulièrement claire si l’on compare la poésie française et la poésie anglaise. Le vers « classique » français, l’alexandrin, est un vers de 12 syllabes. Exemple (dans lequel nous soulignons les voyelles des syllabes accentuées) :

  • Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voy-age…

Sa contrepartie anglaise est le vers de 5 accents (le nombre total de syllabes n’ayant aucune importance). Exemple :

  • To be or not to be: that is the question.

S’ils veulent respecter ce caractère rythmé de l’anglais, les francophones doivent faire attention à trois choses.

  • Au niveau du mot : dans les mots de plusieurs syllabes, il faut donner un relief suffisant à la syllabe accentuée (ou aux syllabes accentuées), tout simplement en prononçant ces syllabes avec plus de force. La tendance naturelle des francophones est d’accentuer la dernière syllabe du mot. Or, en anglais, c’est rarement cette syllabe qui est accentuée. (Sur la centaine de mots utilisés dans Playtime45, aucun n’est accentué sur la dernière syllabe.) Exemples (dans lesquels nous indiquons la syllabe accentuée par un soulignement de sa voyelle) : elephant, rabbit, spaghetti, seven, eleven. S’ils ne font pas attention à leur prononciation, les francophones auront une forte tendance à accentuer la dernière syllabe de ces mots (elephant, rabbit, spaghetti, seven, eleven), ce qui les rendra difficiles à comprendre – cela d’autant que le déplacement de l’accent aura généralement pour effet de déformer les voyelles concernées. Bien sûr, le fait que la place de l’accent varie selon le mot est une source de difficulté, mais cette difficulté n’est pas bien grande : il suffit généralement d’écouter un mot deux ou trois fois pour retenir son « image sonore », ou pour le moins son « image accentuelle ».
  • Au niveau de la phrase, il faut veiller à reproduire correctement l’opposition entre syllabes accentuées et syllabes inaccentuées. Les syllabes inaccentuées sont souvent moins audibles que les autres, ou prononcées plus vite. C’est pourquoi elles donnent parfois aux francophones l’impression qu’elles sont « avalées ».
  • Un grand nombre de mots grammaticaux (articles, auxiliaires, prépositions...) sont  inaccentués et font l’objet de ce qu’on appelle une réduction. Cette dernière affecte essentiellement les voyelles, et peut prendre plusieurs formes :
    • - La voyelle peut disparaître. C’est par exemple le cas avec am (1ère personne du singulier du présent de be), qui en règle générale perd sa voyelle et est réduit à un son /m/ dans une phrase comme I am ready (= Je suis prêt(e)), que l’on écrira I’m ready (forme dite contractée).
    • La voyelle peut perdre son « timbre », et se réduire à un son // en alphabet phonétique). Exemple : dans une phrase comme I can swim (= Je sais nager), can est habituellement prononcé // (et non //, forme « pleine »).

    Si vous ne connaissez pas l’alphabet phonétique, nous vous conseillons de l’apprendre progressivement, au fur et à mesure de vos besoins. Vous constaterez qu’ainsi il n’est pas difficile à apprendre : les signes différents de ceux de l’alphabet ordinaire ne sont pas très nombreux, et un grand nombre d’entre eux sont assez transparents. Vous constaterez aussi la grande utilité de cet alphabet.

    Exemples de formes réduites (également appelées formes faibles) parmi les mots et phrases de Talking Icons : a pair of jeans (les mots a et of sont prononcés respectivement // et //, et ils sont articulés beaucoup plus faiblement que les autres mots) ; Shuffle the cards, please (= « Mélange les cartes, s’il-te-plaît ». Dans le mot the, la voyelle est prononcée //, et l’ensemble du mot – y compris le « th » – est peu audible).

    Il faut se rappeler que les formes réduites sont les formes normales des mots concernés : les formes « pleines » (ou « fortes ») ne sont utilisées que dans des cas bien précis (par exemple s’il y a une volonté d’insistance). Dans des circonstances normales, on dira non pas I am ready, mais I’m ready.

    Deux brèves remarques pour terminer sur ce point :

  • Pour la compréhension de l'anglais parlé, d’assez nombreux francophones adultes sont désorientés par le phénomène de réduction, essentiellement parce qu’ils attachent une grande importance aux mots grammaticaux, et s'attendent à ce qu'ils soient accentués.
  • Lorsqu’ils s’expriment oralement, de nombreux francophones adultes (notamment ceux qui sont passés par l’intermédiaire de la forme écrite pour apprendre la forme orale) ont tendance à utiliser systématiquement des formes pleines (= non réduites), ce qui donne un aspect très artificiel à leur expression et peut même être gênant pour la bonne compréhension de ce qu’ils disent.

2 - Les voyelles simples

Les comparaisons avec des sons du français que l’on trouvera ci-après ont seulement un caractère indicatif. Rappelez-vous que les enfants n’auront aucune difficulté à bien prononcer les sons de l’anglais : ils y parviendront simplement grâce à leur capacité à bien imiter les mots qu’ils entendront dans Talking Icons. Pour les sons les plus différents de ceux du français, cependant, l’imitation devra être précédée d’une écoute attentive de mots contenant ces sons, écoute éventuellement accompagnée d’un commentaire sur leur caractéristique essentielle.

Pour les signes phonétiques, nous renouvelons le conseil donné un peu plus haut : apprenez-les progressivement.

Signes phoné-tiques Mots-clés Remarques
bee Assez proche du son « i » du français ici, mais long et légèrement « diphtongué » (= brièvement précédé d’une autre voyelle, qui est ici un son proche du é français).
pig Intermédiaire entre le i et le é du français, et en général assez bref. Il faut absolument éviter de le prononcer comme un i français.
red Aucune difficulté. Ce son est intermédiaire entre le é et le è du français, mais plus proche du è, et en général assez bref.
cat Intermédiaire entre le a et le è du français, et en général assez bref.
star Il s’agit d’un a « grave » (prononciation tendant vers le o), en général assez long. Sauf dans le cas d’une liaison (r suivi d’un mot qui commence par une voyelle), ne pas prononcer le r.
ɒ dɒg Relativement proche du « o » français de dogue, ouvert (= prononcé avec plus d’espace entre la langue et le palais), et généralement plus bref.
four Relativement proche du son « o » du français beau, mais plus « ouvert », et généralement plus long. Le r n’est pas prononcé (sauf liaison).
book Intermédiaire entre le « ou » et le « o » des mots français bouc et bol, et en général assez bref. Ne pas le prononcer comme le ou de bouc, ou comme la voyelle du mot franglais le look
blue Relativement proche de la voyelle ou du français boule, mais en général assez long et légèrement diphtongué (précédé d’un léger son « eu »). À bien distinguer du précédent : opposez par exemple food (/fu:d/) et foot (/fʊt/).
duck Ne pas se laisser influencer par la prononciation française de mots franglais comme un club, le buzz, etc. (prononciation avec le son « eu » de beurre) : la voyelle des mots anglais club, buzz, duck etc. est en fait assez proche du a français de patte. Dans l’écriture, on a souvent u, mais souvent aussi o (mother, son, glove).
ɜ: purple Aucune difficulté. Ce son est intermédiaire entre les deux « eu » du français (celui de peu et celui de beurre), et il est généralement plus long. Le r n'est pas prononcé (sauf liaison).
banana N'existe qu'en syllabe inaccentuée. (Dans banana, le second a, qui est accentué et prononcé ɑ:, n’est évidemment pas concerné.) Proche de la voyelle e du français penaud.

À cette liste il faut ajouter les signes i et u, utilisés pour transcrire des variantes de i:ɪ et de u: / ʊ. Nous nous arrêterons simplement sur le son i. On le trouve essentiellement dans des finales inaccentuées écrites i(e) ou y (par exemple dans spaghetti, dans body et dans cherry). La grande majorité des Britanniques le prononcent comme un i:, mais en beaucoup plus bref.

3 - Les diphtongues

Il s'agit de sons constitués par le passage graduel d'une voyelle à une autre. Dans les diphtongues de l’anglais, c'est la première des deux voyelles qui est la plus accentuée ; il faut donc « affaiblir » la seconde voyelle. (Donc il ne faut pas, par exemple, prononcer le mot mouse /maʊs/ comme le français « ma housse ».)

Signes phoné-tiques Mots-clés Remarques
snake Facile à imiter. Se termine sur un son beaucoup plus proche du é que du i français.
five Se termine sur un son relativement proche du é français.
ɔɪ boy Se termine sur un son relativement proche du é français.
mouse Pas de difficulté, même si certains adultes francophones ont tendance à accentuer la seconde voyelle au lieu de l’affaiblir.
nose Partir d’un son « eu » (et non d’un son « o »), pour aller vers un son « ou ».
ear Défaut à éviter : partir du « i » français (au lieu de I). Le r n’est pas prononcé.
bear Le final n’est pas toujours très audible, mais il ne faut pas oublier de le prononcer. Le r n’est pas prononcé (sauf liaison).
tour Défaut à éviter : partir du « ou » français (au lieu de ʊ). Le r n’est pas prononcé (sauf liaison).
Ce son est d’un emploi relativement rare, et il très souvent remplacé par ɔ: (pour tour, par exemple, prononciation tɔ:). Il n’est pas représenté parmi les mots de Talking Icons.

4 - Les consonnes

Seules quelques consonnes peuvent poser un problème de prononciation pour les francophones.

Signes phoné-tiques Mots-clés Remarques


pig
tiger
cat
Lorsqu’elles sont au début d’une syllabe accentuée, ces consonnes sont « soufflées » (c'est-à-dire suivies d’un léger son « h »). Une écoute attentive permet d’entendre ce « souffle » et d’opposer la consonne anglaise à la consonne française dans des paires comme a pig / un pain, a tiger / un tigre, a cat / un café. Concernant ce caractère « soufflé » de p, t et k, voir l'encadré ci-après
head Les francophones ont tendance à ne pas prononcer cette consonne, parce qu’en français le h est toujours « muet ». En fait, cette consonne n’est pas difficile à prononcer : elle consiste simplement en un « souffle ».

mouth
father
Malgré sa réputation de difficulté, le « th anglais » est facile à prononcer : il suffit de mettre la pointe de la langue en contact avec le bord des incisives supérieures et de souffler. Les enfants différencieront θ et ð tout naturellement, simplement par imitation.
I milk Il existe en anglais deux consonnes « l » : le l « clair » (celui de leg), qui est identique au l français, et le l « sombre », qui est toujours soit en fin de mot (éventuellement suivi d’un e muet : purple) soit devant une consonne (milk). Le l « sombre » est un l prononcé comme s’il était précédé du son « ou ».
rabbit Pour ceux qui ne parviennent pas à prononcer ce « r » : commencez par le remplacer par un son « ou », puis rajoutez un peu de « r » à ce « ou » en soulevant la pointe de la langue. Attention : en fin de mot (tiger) ou devant une consonne (purple), le r est muet en anglais britannique.
thing Existe uniquement en fin de voyelle. En français, n’existe que dans l’accent du midi (finales en -in, -an, etc.). Malgré la présence d’un g dans l’écriture, il ne faut pas utiliser le son « g » du mot pig.
Nous suggérons l’expérience suivante, que les enfants trouvent amusante. On distribue aux enfants une feuille de papier ordinaire aussi fin que possible, de format A4, on leur dit de la placer verticalement contre leur visage en la tenant par deux de ses coins (sur une de ses largeurs), assez haut pour que la bordure inférieure de la feuille soit à peu près au niveau de leur menton, puis on les invite à dire l’une des paires pig / pain, a tiger / un tigre, a cat / un café, en imitant bien le « souffle » qu’ils entendent dans pig, tiger ou cat. S’ils imitent bien ce souffle, la feuille de papier doit bouger quand ils disent le mot anglais, et elle doit rester immobile quand ils disent le mot français. 

Les autres consonnes ne présentent absolument aucune difficulté : elles sont identiques à des consonnes françaises. Pour la lecture des transcriptions phonétiques, il vous faudra cependant connaître les 3 signes suivants :

Signes phoné-tiques Mots-clés Remarques
shoe Son « ch » du français chou.
pleasure Son « j » du français jour.
yellow Son « i » du français yaourt.